Le dernier SupCoup

Retranscription d'une conversation téléphonique;
pas de date


- Speed ! J’te réveille ?
- Nan ça va, il est 18h30.
- Ça y est, il ont passé la loi.
- Laquelle ?
- Celle sur les traitements.
- Merde. Alors c’est fini ? Il sortira plus rien des labos de la Coupole ou il sont revenus sur
certains amendements ?
- Non, rien. Ils arrêtent la production. À partir du mois prochain, les stocks seront épuisés. Il
restera sans doute quelques doses en circulation, hors de prix, dans le quartier Est. Mais ça
durera pas plus d’une semaine selon mes calculs.
- Calme-toi Stro. On va trouver une solution. Je connais une fille qui a des armes.
- Qui ?
- Moi.
- Bah je pensais pas vraiment à ça tu vois.
- Oui je m’en doutais, c’était une sorte de boutade.
- Tu te nourris toujours avec les soupes déshydratées immondes du supCoup ?
- Moins, parce que les ventes de mes fruites se portent bien ces derniers temps. Je me focalise
sur les produits frais si tu vois c’que j’veux dire.
- Tu penses que tu pourrais en reproduire l’emballage assez fidèlement, de mémoire ?
- Ah bah ça ! Avant que tu me montres comment trafiquer mes graines, c’était mon seul moyen de
subsistance. Dois-je te le rappeler ? Donc oui j’m’en souviens ! J’ai encore un tas de paquets
vides qui traînent en plus.
- C’est bien ce que je pensais. Je suis pas mécontente de te voir abandonner cette sale habitude
ceci dit.
- Alors ? On met le feu ou on parle recette bas-de-gamme jusqu’à ce que ni toi ni aucune
personne transgenre n’ait accès à son traitement ?
- On va encore en parler un bon moment ma belle. T’as encore de quoi faire pousser ? Je veux
dire en terme d’espace.
- Oui. Ça c’est pas un soucis. La semaine dernière j’ai trouvé des serres abandonnées après les
suburbs. Elles sont vieilles et en mauvais état, je dirais 2000. Mais j’ai déjà mis des clientes
régulières sur le coup. Des ingénieuses en plastiline qui contrôlent une partie du réseau encore
approvisionné.
- Qu’est-ce qu’elles font pour toi ?
- Je leur refile des fruites contre des assainisseurs d’air et des aérateurs de sol fonctionnels. Elles
me font de la bâche réfléchissante aussi. Il y en a une qui m’aime bien je crois.
- Voilà une partie du problème réglée.
- C’est-à-dire ?
- Ben va falloir qu’on s’active Speed.
- Oui, je sens bien que c’est pressant. Si t’as déjà une idée, dis moi.
- Dans les grainiers de ma grand-mère, j’ai encore pas mal de stock. Il faudrait qu’on élise les
graines des plantes les plus concentrées en hormones. Œstrogène d’un côté et testostérone de
l’autre.
- Comment tu comptes faire ça ?
- Je suis chimiste organique je te rappelle ?
- Ahahah pourquoi personne me dis jamais rien ?
- T’es con…
- Ahahahah
- J’ai la doc de ma mère aussi. Elle a travaillé à Svalbard après ma grand-mère.
- Une sacrée famille.
- Qu’est-ce que tu crois !
- Je ferais pousser tout ce que tu voudras chimiste de mon cœur.
- Heureusement que tu m’aimes alors.
- ….
- Tu plantes, on récolte, on fait sécher. Et on fait des mariages ingénieux et
- homonaux de préférence.
- Oui. On mettra nos assemblage sous vide et toi tu t’occupes de dessiner un logo reconnaissable
pour le packaging.
- Tu veux les commercialiser ? J’en ai un pour mes fruites, on peut garder le même non ?
- Non non pas les vendre, mais oui gardons le même que le tien. Comme ça la Coupole évitera
de soupçonner un traffic à grande échelle de stimulants hormonaux.
- Oui j’avais compris.
- Pardon, je suis un peu stressée. Tu penses que tu peux jouer au jeu des 7 différences niveau
emballage d’ici la semaine prochaine ?
- Oui. Et dès que les soupes sont prêtes, je les proposerai avec mes fruites aux personnes
intéressées.
- Super ! J’suis tellement contente que tu existes.
- Ah bah merci ! On va bien s’amuser à faire couler leur commerce de soupes de merde.
- Quoi ?
- Bah la clientèle principale c’est quand même les pauvresses ruinées par le prix de leurs
traitements. Elles n’iront plus acheter de bouillon sec au supCoup et se fourniront directement
chez nous. En plus ce sera gratuit et bien meilleur. Bouffe saine et transition dans un seul
sachet pour 0 centime !
- Vu sous cet angle c’est sûr ! Par contre t’es vraiment nulle en slogan publicitaire.
- C’est dommage de pas y avoir pensé avant quand même.
- Te noies pas dans les regrets ahahaha, on est pas non plus wonder woman.
- Dommage.
- Bon, viens chez moi. J’ai déjà commencé les recherches mais j’ai la flemme de t’envoyer le
braille de mes notes.
- D’accord, j’arrive. Tu veux une douceur ?
- Oui je vais avoir besoin de réconfort.
- Stresse pas, ils s’en mordront les doigts de cette loi. Et d’ici là, on sera devenues indépendantes
de leurs labos. Et en plus t’auras fait avancé la science non-coupelaine !
- T’as raison. Tu m’apportes la tubercule violine et verte claire de la dernière fois ? La froide qui
croque et fond au milieu tu sais. Pas la rose, c’était trop sucré.
- Oui oui ! Il me reste plus de rose de toute façon. Ils sont vraiment accros au fructose dans le
quartier Tiers-Sud, je te raconterai.
- A tout’! Baisers ma douce. Magne toi !
- J’arrive !

bonjour,
je suis leur enfante.
je ne sais pas comment vous vous êtes procuré cet enregistrement.
j'ai trouvé cette image de prototype des soupes en questions. j'essaierai de retrouver la composition si quelqu'une a en sa possession une de celles-ci.
j'ai l'impression que vous êtes une personne proche de mes mères.

bien à vous

aurora_GT